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jeudi 21 octobre 2010

Autour de sa guitare

Autour de sa guitare, le musicien s’enroule. Frappe des pieds, hoche la tête, se dévisse le cou. Distorsion du son, distorsion du corps. La guitare rugit en dissonances graves. Elle s’élève au sommet des bras tendus au ciel. Les notes en jaillissent, étincelles stridentes. Danse et chante, guitariste. Enflamme-toi, enflamme-nous. Pousse-nous jusqu’au bout de notre émotion vive. Résonne ta musique, rythme notre cadence. Vibrent tes cordes, vibre ton rock. Tes accords montent, aussitôt redescendent.
Puis une note pure tinte, se déploie, s’allonge et, suspendue, attend, enfin s’amincit en un fil argenté et s’éteint. Soupir.
Enfin, fortissimo fracassant, s’écrase l’accord sombre, s’entremêlent les accents saturés. L’instrument et l’artiste, poursuivent leur dialogue et nous entraînent avec eux dans leur rêve fantastique. Soudain il s’agenouille aux pieds de sa maîtresse tandis qu’elle déverse sur lui son ruissellement majeur, syncopé. Nous sommes debout, battant des mains. Ils entendent nos voix, rehaussent encore la leur, rebondissent d’une corde sur l’autre. Il frémit, s’arque et hurle tandis qu’elle pleure ses derniers soupirs. Tout s’éteint.
Noir.
Silence.