Le calme est revenu ce matin. Et le soleil. Et le ciel clair.
Quand, au fond du jardin mes pas me conduisent, je m'arrête, émerveillée par les couleurs joyeuses de l'arbousier. Fleurs en clochettes blanches et fruit au rouge lumineux se disputent l'éclat du jour descendant, or fauve enveloppant les toits et les arbres.
Dernier clin d’œil de la belle saison, avant son départ derrière la Terre, comme un au-revoir, un rendez-vous pour d'autres journées chaudes et radieuses, quand les jours gris seront passés.
Mais profitons encore de ces quelques éclaboussures de couleurs vives dont il convient de se remplir les yeux et la mémoire. Merci, l'arbousier du fond du jardin, de ta vigueur et de ta générosité colorée.
mercredi 23 octobre 2013
mardi 22 octobre 2013
Le vent a soufflé toute la journée.
Le vent a soufflé toute la
journée, soufflé à perdre haleine. Ce soir encore il s’élance, se tordant en
rafales, racle les toits de ses tentacules déchaînés, s’écrase au pied des murs
et remonte de plus belle à l’assaut des maisons, grondant, tournoyant,
effrayant. Les pins parasols se penchent un peu plus et le marronnier presque
complètement dénudé lutte courageusement ; ses branches en squelettes
tragiques se tendent, implorant la clémence du monstre. Mais celui-ci n’entend
rien, assourdi par son propre vacarme. Sa force terrifiante s’engouffre dans les
rues, soulève violemment les feuilles déposées au sol par l’automne, les
entraînant dans une ronde frénétique. Il s’éloigne, puis revient, s’acharne, plus menaçant encore, chassant de son chemin les rares téméraires qui osent le
braver. Sa colère redouble en tourbillon mugissant. Rien ne l’arrête,
insensible, infatigable, il continue sa folle sarabande jusqu'à l’entrée de la
nuit. En franchira-t-il le seuil ? Se lassera-t-il enfin ?
dimanche 20 octobre 2013
LA VALLEE DES MASQUES de Tarun Tejpal
La vallée des masques
Tarun Tejpal (auteur de "Loin de Chandigarh)
Conte philosophique puissant.
Les utopies, leurs limites, leurs dérives dangereuses. La quête aveuglante du pouvoir aveuglant.
Tels sont les thèmes qui ont retenu mon attention. Mais ce ne sont pas les seuls car ce livre fourmille de réflexions profondes, même si parfois certaines semblent seulement effleurées.
Une grande poésie enveloppe absolument tout ce qui est évoqué dans cet ouvrage, même le pire.
Tarun Tejpal est un grand maître.
Tarun Tejpal (auteur de "Loin de Chandigarh)
Conte philosophique puissant.
Les utopies, leurs limites, leurs dérives dangereuses. La quête aveuglante du pouvoir aveuglant.
Tels sont les thèmes qui ont retenu mon attention. Mais ce ne sont pas les seuls car ce livre fourmille de réflexions profondes, même si parfois certaines semblent seulement effleurées.
Une grande poésie enveloppe absolument tout ce qui est évoqué dans cet ouvrage, même le pire.
Tarun Tejpal est un grand maître.
mercredi 9 octobre 2013
Lecture coup de coeur: LA DIAGONALE DU VIDE
La Diagonale du vide
de Pierre Péju
Mi-roman d'aventure, mi-réflexion sur le sens de la vie, de nos actes, de nos rapports aux gens et aux événements, de nos choix ou non-choix.
Marc Travenne décide brusquement de quitter la vie qu'il mène, et se retire au fin fond de l’Ardèche, au cœur de l'hiver.
Il y rencontre une étrange randonneuse qui va l'entraîner, et nous avec, dans un univers terrible.
Il y aura aussi une ancienne connaissance qui l'emmènera, et nous avec, dans un monde encore différent.
Bien que la technique paraisse un peu facile pour nous promener à travers des paysages géographiques ou intellectuels hétéroclites, et tresser un lien entre eux, on suit le cheminement du narrateur avec curiosité, d'autant que le récit est souvent poétique.
de Pierre Péju
Mi-roman d'aventure, mi-réflexion sur le sens de la vie, de nos actes, de nos rapports aux gens et aux événements, de nos choix ou non-choix.
Marc Travenne décide brusquement de quitter la vie qu'il mène, et se retire au fin fond de l’Ardèche, au cœur de l'hiver.
Il y rencontre une étrange randonneuse qui va l'entraîner, et nous avec, dans un univers terrible.
Il y aura aussi une ancienne connaissance qui l'emmènera, et nous avec, dans un monde encore différent.
Bien que la technique paraisse un peu facile pour nous promener à travers des paysages géographiques ou intellectuels hétéroclites, et tresser un lien entre eux, on suit le cheminement du narrateur avec curiosité, d'autant que le récit est souvent poétique.
jeudi 3 octobre 2013
Brutus
Toile de: Ivan Dmitriev
La mâchoire inférieure se balance au rythme de ses pas, et les
dents s’entrechoquent, en marquant la mesure de la Danse macabre.Clac-clac-clac-clac-clac, clac-clac-clac-clac-clac, clac-clac-clac-clac-clac, clac-clac-clac-clac-clac.
Alors quoi faire ? Le mort. Bien mort. Si mort que les fourmis y
ont cru. Etendu au pied de l’abricotier, les pattes en l’air, il avait attendu.
Pas longtemps. Rameutées par une exploratrice aventurière, elles s’étaient
rassemblées autour de lui. Elles avaient commencé à lui grimper dessus, sur le
ventre, sur la tête, sur les pattes et dans les oreilles. Il entendait leurs
réflexions : « Il est mort. » « Non, je ne crois
pas. » « Mais si, regarde, même ses paupières ne bougent plus. »
« Attendez, je vais encore vérifier quelque chose. » La dernière à avoir
parlé se glissa dans l’une de ses narines. Elle allait, venait, montait,
descendait. Ses petites pattes lui chatouillaient la muqueuse. Il ne put se
retenir : « A…a…atchhhouuum !!! »
La pauvre fourmi fut éjectée, mise sur orbite. Elle tourna trois fois
autour du feuillage de l’abricotier. Puis le vent prit le relais et elle se mit
à flotter au-dessus du jardin, puis passa devant les fenêtres de la ferme.
Quand tout à coup, la fermière secoua son chiffon à poussière. Vlan ! Un
grand coup sur notre fourmi. Paf ! Précipitée sur le sol, elle se
redressa, ahurie, très énervée. Où était-elle ? Elle agita ses antennes
pour les défroisser et les dirigea sur le sol. Snif-snif-snif. Par où
étaient passées ses copines ? Ah ! Les voilà. Elle tricota aussi vite
que lui permettaient ses petites pattes, en suivant les phéromones de sa tribu.
Elle ne mit pas tant de temps qu’on aurait pu le croire pour rejoindre le
groupe des fourmis qui rentraient à la maison. « Eh ! Ne partez
pas ! C’est trop fort ! Vous avez vu ce qu’il m’a fait ? Sus à
l’ennemi ! A l’abordage ! » Et tous les insectes, comme une
seule fourmi, reprirent l’escalade de sieur le bélier.
Ah non, se disait-il ? Ça ne va pas recommencer. Que me veulent
ces bestioles ? Mais elles grimpent partout ! Pauvre de moi. J’ai
beau me rouler par terre, elles s’accrochent. Allez, un petit sprint. Mais
elles sont toujours là. Aïe-aïe-aïe. Elles s’attaquent à mes joues ! Et je
les sens partout. Je commence à avoir froid. Voyons, à quoi ressemble mon
ventre ? Eh ! Je n’ai plus que les os. Je vois mes côtes. Et mes
pattes aussi sont squelettiques. Voilà que le vent passe à travers mon crâne,
du trou d’une oreille au trou de l’autre oreille.
Brutus accéléra, galopa. Mais la rivière était loin. Quand ses pattes
se posaient sur le sol, elles faisaient un drôle de bruit. Un bruit de
castagnettes en folie. Il se sentait de moins en moins lourd. Il avait de plus
en plus de mal à avancer. Son allure ralentissait. Il perdait ses muscles sous
les mâchoires des carnassières. Cic-cric-cric faisaient les milliers de
mandibules à l’œuvre. Mais Brutus ne les entendait pas car ses oreilles
avaient disparu. Les fourmis continuaient, inlassables, leur nettoyage, sans se
soucier du tangage ni du roulis, trop occupées à grignoter méticuleusement tout
ce qui était comestible.
Enfin, Brutus arriva à la rivière. Dans un dernier effort, il se jeta
dans l’eau. Toutes les fourmis, surprises, lâchèrent brusquement prise et se
retrouvèrent à flotter comme un petit nuage que le ciel aurait laissé tomber là
par étourderie. Le courant les emportait, petites pointes noires piquées à la
surface de l’onde.
Brutus remonta sur la berge. Il se retourna et se pencha sur la rive pour
essayer de voir son reflet. Il vit un drôle de crâne de bélier qui le regardait
et qui n’avait pas l’air très malin avec ses gros yeux qui roulaient éperdument
au fond de leurs orbites. Brutus se demanda qui était ce farfelu. Avait-on idée
de se balader ainsi, sans poil. A poil. Il mit un certain temps à admettre que ce
monstre, c’était lui ! Plus le moindre petit morceau de chair sur ses os.
Et ces yeux fous, qui tentaient d’apercevoir ce qui se passait à l’extérieur de
leur carapace, qu’ils étaient moches. Tout cela était absolument ridicule. Et
même si le ridicule ne tue pas, Brutus se prit à désespérer de son sort.
Tout à coup, il remarqua que ses cornes s’élevaient toujours fièrement
au-dessus de son crâne. Cette vision le rasséréna et il se dit que l’honneur
était sauf.
Alors, il se redressa et, dignement, s’éloigna de la rivière.
Clac-clac-clac-clac-clac, clac-clac-clac-clac-clac,
Clac-clac-clac-clac-clac Clac-clac-clac-clac-clac. Quelle joyeuse Danse macabre !
Danièle
Inscription à :
Articles (Atom)