Janvier déjà.
Trouver du temps pour soi, au besoin le créer, tel
est le conseil répété par les coachs de vie à longueur d’articles dans les
magazines en papier glacé, bien lisses, harmonieusement colorés. Les nombreux
exemples cités à leur suite se veulent convaincants. Mais voilà : la
quarantaine approchante, trois enfants, Hugo, Olivier et Gaël, en pleine
construction, un mari si occupé que la banalité du quotidien ne le concerne
pas, une profession passionnante mais demandant une absolue disponibilité, et
la spirale se met à tourner.
L’action permet d’éviter le vertige.
Se focaliser
sur l’objectif : l’intendance, le suivi des enfants dans leur santé, leur
cursus scolaire ou sportif ou encore culturel, la préparation des cours, les
trajets maison-travail, maison-médecin, maison-stade, maison-marché et retours
— évidemment—, et la présence auprès de mes élèves, sans relâchement. Une chose
à la fois. Mais tant de choses…
La monotonie ? Certes non ! Car il y a
toujours le détail qui modifie le cheminement linéaire : Gaël a oublié sa
veste de survêtement à la salle de sport, il n’y a plus de place pour se garer
près du marché, Hugo invite ses copains pour son anniversaire, le petit Florian
Meunier n’a pas encore rapporté son autorisation parentale pour la sortie
éducative du lendemain. Pas le temps de s’ennuyer, pas le temps de respirer.
Quatre mois déjà que le rythme s’impose et
m’asphyxie. Quatre mois que je me lève dès la première sonnerie du réveil et
que les gestes automatiques s’enclenchent, dans un ordre précis, du matin
jusqu’au soir, réalisant les tâches incontournables, sans perte de temps, sans
dépense inutile d’énergie afin que les plages réservées à l’essentiel,
assistance de mes élèves et de mes enfants aux moments opportuns, ne soient pas
parasitées par des préoccupations prosaïques.
Je m’épuise, je me dessèche, je manque d’air.
Je me ressource au creux de la tempête.